Il est 16 heures. Une foule importante est rassemblée à la marina du motu Parataito à Maraa. C'est la fin du concours de pêche, les bateaux dont une majorité de poti marara (bateaux de pêche polynésien taillés pour la vitesse et la chasse au harpon des mahi-mahis) sont en file indienne pour la pesée. Le réglement est simple, quatre prix sont décernés. Pour le plus gros haura (marlin), pour le plus gros thon, le plus gros tazard et le plus gros mahi-mahi.
Un joli thon de 64 kilos est descendu du portique au moment où on rentre à la marina. C'est le plus gros thon de la journée. Les discussions vont bon train entre pêcheur et chacun y va de sa petite histoire. Le plus gros marlin pesé jusqu'alors pèse 120 kilos et il se murmure que ce devrait être le pêcheur de ce joli poisson qui devrait remporter le prix le plus prestigieux, celui du plus gros haura.
Mais un poti marara rouge (un "haura 24 pieds", ça ne s'invente pas), entre au port tout juste avant 16 heures avec une énorme queue en croissant qui dépasse du plat-bord. La pesée est anecdotique (230 kilos), tout le monde a compris qui gagnerait aujourd'hui le prix du plus gros haura!
C'est un beau coup de ligne mais un pêcheur Polynésien et son fils nous racontent la casse au bateau d'une big mama d'au moins 400 kilos! Pour le moins déçu, le pêcheur estime avoir fait l'erreur de vouloir en finir trop vite ... Sachant qu'il a eu la touche à 11 heures et la casse au bateau à 13h30, on imagine la violence du combat et la force du poisson qui avait encore du jus après 2h30 de combat ...
Pour l'équipage du Kirahu'e (Philippe le capitaine, Reihai le fishmaster et les deux moussaillons Pascal et moi-même), on doit se contenter d'être spectateurs de la pesée. On est bien rincé après une belle (et longue 5h/16h) journée en mer mais tout de même content de la prise d'un joli mahi-mahi. Seul l'honneur est sauf puisque ses 13/14 kilos ne peuvent rivaliser avec les 18 kilos du plus gros pris aujourd'hui.
Une petite déception tout de même : nous avons eu notre chance avec une énorme touche de marlin en milieu de matinée. Même si nous n'avons pas vu le poisson qui s'est assez vite décroché, la violence et la puissance de la tirée ne fait aucun doute sur l'auteur du "méfait" pour Philippe et Reihai. Et la présence juste derrière le bateau à ce moment d'un phaëton (le"paille en queue" est un bel oiseau blanc avec une très longue plume caudale) confirme qu'il s'agissait bien d'un haura qui est venu goûter notre leurre, cet oiseau assez rare en haute mer étant souvent le meilleur indice de présence d'un marlin juste sous la surface.
Tant pis, ce sera pour la prochaine fois ... Oups, y'aura pas de prochaine fois, dans 10 jours, on est dans l'avion ...