" Au magasin Laut, prends pei la servitude côté montagne, passe un peu devant le grand fare de ma prof de français ma, roule 100 mètres encore, t'arrive au marae, c'est carrément beau le fa'a'apu"
Okay, pour ceux qui n'ont pas vécu à Tahiti, une petite traduction, ou au moins quelques éclaircissements s'imposent.
"Quand au point kilométrique 22.5, vous voyez le panneau "marae Arahurahu", prenez cette direction. Vous passez devant la maison de ma prof de français et sa famille, continuez sur 100 mètres, vous arrivez au marae, le jardin est vraiment très beau".
Le dialecte franco-tahitien de nos élèves mériterait à lui seul un article de blog ... on va y songer.
Mais revenons à notre sujet, "notre marae". Nous habitons en effet juste à côté du site le plus visité de Tahiti. Quand on voit défiler devant chez nous les cars de touristes, on sait qu'un gros paquebot vient de faire escale dans le port de Papeete !
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Les marae étaient des sites religieux fréquentés avant l'arrivée des européens.
Ce sont des constructions de forme rectangulaire plus ou moins grandes constituées d'un amoncellement de pierres de volcan assemblées sans mortier.
Il en existe des centaines dans toute la Polynésie et à Tahiti, mais "le nôtre" est celui qui a été le mieux conservé et celui qui a fait l'objet d'une des plus récentes restaurations. De nombreux rites y étaient pratiqués, mariages, sacrifices humains et animaux, hommages aux morts ...
De notre maison, on voit une caverne dans la falaise qui surplombe le marae dans laquelle on peut observer aux jumelles des crânes et des ossements humains. Après renseignements, on a eu la confirmation du rapport entre l'existence de ces restes humains et le marae: c'était le sort réservé aux corps des chefs défunts. Leurs corps embaumés étaient transportés dans cette caverne rocheuse.
Certains Polynésiens viennent encore s'y recueillir mais pour nous, c'est surtout un terrain de jeux extra où on vient prendre le goûter les dimanches après-midi quand les devoirs sont faits et les copies corrigées.
On profite des grandes étendues d'herbe toujours bien entretenues pour taper un foot ou jouer au freesby.
Les filles y trouvent aussi toutes sortes de graines pour faire des bracelets, mais on y ramasse aussi les fleurs (notamment les fleurs de "tipanier"=frangipanier) qui feront de magnifiques colliers pour l'accueil des courageux voyageurs qui viennent nous voir.
Clém est aux commandes, elle maîtrise ...
Ce jour-là, justement avec Papy Tonio et Magonite qui sont venus nous voir en janvier dernier, c'est partie de freesby ...
Les dieux sont cléments, nous n'avons jamais été punis pour avoir envoyé le ballon ou le freesby sur le marae ...
Par contre, ils ne sont pas très conciliants: Quand Sandra est venue nous voir, elle s'y est recueillie en implorant les dieux de provoquer une grève des contrôleurs aériens de l'aéroport de Papeete ... 48 heures plus tard, elle était rentrée chez elle sous la pluie et la fraîcheur de Normandie ...